Le Moniteur des Pharmacies se penche sur la solution du « salarié à temps partagé » !

Sep
21

travail-à-temps-partagé-loudéac-tisserentLe groupement d’employeurs est un concept gagnant-gagnant pour le pharmacien titulaire et le salarié, adapté au contexte économique actuel de l’officine. Ses avantages méritent d’être mieux connus. Témoignages.

Le Groupement d’employeurs obéit à un principe simple : « recruter des salariés et les mettre à disposition de ses adhérents« , présente Alexandra Glais, directrice de Tisserent. Ce groupement d’employeurs, situé à Loudéac (Côtes-d’Armor), compte plus de 120 adhérents dont trois pharmacies qui se partagent un pharmacien adjoint en CDI à temps plein. Le temps partagé fonctionne également avec des secteurs d’activité différents, comme à Pontivy, dans le Morbihan, où un comptable salarié du Groupement d’employeurs Activy, travaille à la fois pour une pharmacie et un restaurant.

Une meilleure sécurité d’emploi pour les salariés

Dans une période de crise où la profession manque de visibilité, embaucher un nouveau temps complet peut s’avérer risqué. D’un autre côté, le titulaire peut nourrir des regrets de ne pas pouvoir fidéliser un collaborateur compétent au prétexte qu’il ne peut lui offrir un temps complet. Philippe Pasdeloup, titulaire à Bourges (Cher), a été confronté à ce dilemne. « J’avais une préparatrice fraîchement diplômée qui a été formée pendant deux ans dans mon officine, raconte-t-il. Au terme de sa formation initiale, je n’avais pas de poste à temps plein à pourvoir, mais je souhaitais la conserver dans mon effectif pour sa compétence en dermocosmétique et des besoins ponctuels de remplacement. » Autour de Bourges, quatre autres pharmacies sont confrontées au même problème. D’où l’idée de créer, entre elles, un groupement d’employeurs. Pharmacentre a alors embauché la préparatrice à plein-temps, liée au groupement par un contrat de travail. « C’est un moyen efficace de fidéliser une main-d’œuvre, notamment en zone rurale » fait remarquer Alexandra Glais.

Les salariés y trouvent également leur compte. Outre l’assurance de travailler à temps plein, ils bénéficient d’une meilleure sécurité d’emploi en raison de la dimension collective du groupement tout en ayant un employeur unique.« C’est une bonne école pour un salarié en début de carrière, estime Patrick Hervé, titulaire adhérent titulaire adhérent d’un groupement d’employeurs (voir encadré ci-dessous). Travailler dans plusieurs officines en même temps permet d’accroître son employabilité en capitalisant plus vite de l’expérience. »

Des prérequis et des concessions

Première condition : l’unité de lieu « Les pharmacies qui recrutent un salarié à temps partagé doivent être proches géographiquement. Dans notre association, la plus lointaine se trouve à 20 kilomètres de Bourges. Il faut aussi que les titulaires de ces pharmacies aient une vision du métier équivalente et les mêmes méthodes de travail » explique Philippe Pasdeloup. Mais, pour employer le même salarié, Jean-Bernard Brotelande, pharmacien à Loudéac, estime que les pharmacies ne doivent pas être trop proches pour ne pas se faire concurrence. « Il est important aussi que les typologies de pharmacie et les équipes soient différentes, de sorte que les périodes de présence d’un salarié partagé ne se chevauchent pas, mais se complètent. » En pratique, cette situation idéale se rencontre rarement au moment d’établir le calendrier annuel de travail du salarié. « Il faut alors accepter de faire des concessions et d’employer le salarié à des périodes qui ne correspondent pas toujours aux besoins », met en garde Philippe Pasdeloup.

Autre condition de succès : le groupe d’employeurs doit s’astreindre à des règles de conduite morales, comme s’engager à conserver le salarié dans son effectif pendant au moins un an, respecter ses horaires de travail, ne pas le faire venir en dehors des créneaux horaires prévus et en le prévenant à la dernière minute. La communication avec le salarié et les autres employeurs est donc essentielle.

Structure à but non lucratif, le groupement d’employeurs doit avoir une gestion rigoureuse. « Notre budget de fonctionnement se situe a minima entre 1 000 et 2 000 € par an pour couvrir la gestion administrative, les impôts et les frais du cabinet comptable qui se charge des déclarations et des bulletins de salaire. Travailler à plus grande échelle supposerait de se doter d’un local et d’une secrétaire » explique Philippe Pasdeloup, dont le groupement d’employeurs n’a recruté que deux salariés. Le groupement doit avoir aussi une trésorerie équilibrée. « Il faut disposer en trésorerie l’équivalent, chaque mois, des salaires, charges sociales et frais de fonctionnement. » Les coûts sont lissés trimestriellement et proratisés entre les pharmacies.

François Pouzaud

Le Moniteur des pharmacies, n°3119, Cahier 1, 12 mars 2016

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